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people inside the basketball court

A 21 ans, Ana Cata Chitiga a l’art de prendre la balle au bond. Aussi bien sur les parquets de basket où elle évolue avec l’équipe de Tarbes, deuxième du championnat de France après seize journées, que sur la toile où elle est depuis quelque mois une blogueuse avertie (1). Un exercice qu’elle a appris à maîtriser: « Au départ, c’est une ancienne salariée de la Fédé de basket, devenue patronne de son agence de communication, qui m’a proposé de m’y mettre. Moi, j’étais un peu réticente, je n’étais pas sûre d’avoir des choses à dire et puis je me suis prise au jeu. »

Au jeu du basket bien sûr puisqu’elle raconte sa saison avec Tarbes, côté coulisses, tout comme au jeu de l’actualité lorsqu’elle passe dans sa moulinette personnelle les évènements qui agitent la planète info : de la révolution en Tunisie à la grève des Bleus du foot en Afrique du Sud. Mais, entendons-nous bien, le basket au féminin reste quand même son « coeur de cible ». Néanmoins, Ana, née en Roumanie en 1989 et devenue française dans le sillage de sa mère Elena Filip – basketteuse globe-trotteuse débarquée à Lyon lorsque sa fille n’avait que six ans- n’est pas qu’une belle de match. Elle a aussi un avis très tranché sur sa condition de sportive: « A travers ce blog, dit-elle, je veux montrer que nous ne sommes pas que des garçons manqués, des filles qui se contentent de jouer à la baballe… »

Championne d’Europe
des moins de 20 avec l’équipe de France en 2009, Mademoiselle Cata Chitiga ne monte donc pas au créneau que sous les panneaux de basket. Lorsqu’elle est « énervée », elle le fait savoir. Pas besoin de la titiller longtemps sur l’inégalité entre sport féminin et masculin, elle prend, encore une fois, la balle au bond : «Oui, ça m’énerve, par exemple, de voir les différences de salaire entre les hommes et les femmes ! Pourtant, on fait les mêmes efforts, le même sport ! Bon, moi je fais du basket, je m’en sors plutôt bien mais si j’étais joueuse de foot, j’aurais les nerfs qu’on ne parle jamais de moi ! Et, il n’y a pas que les salaires, les salles dans lesquelles on évolue n’ont vraiment rien à voir avec celles réservées aux championnats masculins. »

Voilà, entre autres, ce qui l’a poussé à rédiger un post à l’attention de la Ministre des Sports, Chantal Jouano où elle se réjouissait que la politique, par ailleurs multiple championne de France de karaté, « connaisse bien la condition féminine dans la sphère sportive, qui n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur. » Bien vrai… Mais, elle, au fait, quel serait son programme si elle héritait du maroquin des sports ? « Je crois que j’essaierai d’aider à la médiatisation du sport féminin, répond l’intérieure de Tarbes, parce que c’est un engrenage, moins on est médiatisé, moins on a de sponsors et moins on peut se développer. A la télé, on ne voit presque jamais d’images de la Ligue féminine, il y a pourtant des matches très intéressants toutes les semaines… »

D’ailleurs, il lui en reste quelques-uns à disputer avec son club de Tarbes où elle est arrivé en 2010 après deux années passées à Bourges et une autre saison à Villeneuve d’Ascq. En 2011, l’enjeu pour les Tarbaises sera de conserver leur titre de championne de France. Le seul hic, c’est que Bourges, actuel leader du championnat avec trois points d’avance sur Tarbes, et plus beau palmarès du basket féminin hexagonal, n’a pas digéré l’affront fait la saison dernière par les Pyrénéennes : « Elles ont clairement une revanche à prendre sur nous, explique Ana Cata-Chitiga, mais rien n’est impossible si on les retrouve en finale. Il y a une bonne ambiance entre nous, on ne se fait pas la gueule, alors pourquoi pas ? » Dit comme ça, c’est vrai que tout paraît plus simple…